•  Litanie des écoliers 

    Litanie des écoliers

    Saint Anatole 

    que légers soient les jours d'école!

    Saint Amalfait,

    Ah ! que nos devoirs soient bien faits!

    Saint Nicodème,

    donnez - nous la clé des problèmes !

    Saint Tirelire

    Que grammaire nous fasse rire!

    Saint Siméon

    Allongez les récréations.

    Saint Espongien ,

    Effacez tous les mauvais points.

    Sainte Clémence

    Que viennent vite les vacances !

    Sainte Marie 

    Faites qu 'elle soient infinies. 

    Maurice Carême

     


  • Cher frère blanc

    Chez frère blanc

    Quand je suis né, j'étais noir,

    Quand j'ai grandi, j'étais noir,

    Quand je suis au soleil, je suis noir,

    Quand je suis malade, je suis noir,

    Quand je mourrai, je serai noir.

     

    Tandis dit que toi, homme blanc,

    Quand tu est né, tu étais rose,

    Quand tu as grandi, tu étais blanc,

    Quand tu vas au soleil, tu es rouge,

    Quand tu as froid, tu es bleu,

    Quand tu as peur, tu es vert

    Quand tu es malade, tu es jeune,

    Quand tu mourras, tu seras gris.

     

    Alors, de nous deux,

    Qui est l'homme de couleur?

     

    Léopold Sedar Senghor


  •  

    Le laboureur et ses enfants

    Le laboureur et ses enfants

    Travaillez, prenez de la peine:

     C'est le fonds qui manque le moins.

     Un riche laboureur, sentant sa mort prochaine,

    Fit venir ses enfants,leur parla sans témoin.

    Gardez-vous leur dit-il, de vendre l'héritage

    Que nous ont laissé nos parents

    Un trésor est caché dedans.

    Je ne sais pas l'endroit; mais un peu de courage

    Vous le fera trouver, vous en viendrez à bout

    Remuez votre champ dès qu'on aura fait l'out

    Creusez, fouillez, bêchez; ne laissez nulle place

    où la main ne passe et repasse.

    Le père mort, les fils vous retournent le champ

    Deçà delà partout; si bien qu'au bout de l'an

    Il en rapporta davantage.

    D’argent, point de caché. Mais le père fut sage

    De leur montrer avant sa mort

    Que le travail était un trésor.

     

    Jean de la Fontaine


  • Le lièvre et la tortue

    Le lièvre et la tortue

    Le Lièvre et la Tortue en sont un témoignage.

    Rien ne sert de courir; il faut partir à point.

    " Gageons, dit celle-ci, que vous n'atteindrez point

    Sitôt que moi ce but.  -Sitôt ? Etes -vous sage ?

    Repartit l'animal léger :

    Ma commère , il vous faut purger

    Avec quatre grains d'ellébore

    - Sage ou non , je parie encore."

     Ainsi fut fait; et de tous deux 

    On mit près du but les enjeux :

    Savoir quoi, ce n'est pas l'affaire ,

    Ni de quel juge l'on convint.

    Notre Lièvre n 'avait que quatre pas à faire ;

    J 'entends de ceux qu 'il fait lorsque prêt d'être atteint,

    Il s' éloigne des chiens, les renvoie aux Calendes,

    Et leurs fait arpenter les landes.

    Ayant, dis- je, du temps de reste pour brouter,

    Pour dormir, et pour écouter

    D'où vient le vent, il laisse la Tortue

    Aller son train de Sénateur.

    Elle part, elle s' évertue,

    Elle se hâte avec lenteur.

     Lui cependant méprise une telle victoire,

    Tient la gageure à peu de gloire,

    Croit qu' il y va  de son honneur

     De partir tard. Il broute, il se repose,

    Il s'amuse à toute autre chose

    Qu'à la gageure. A la fin, quand il vit

    Que l'autre  touchait presque au bout de la carrière ,

    Il partit comme un trait; mais les élans qu 'il fit

    Furent vains : la Tortue arriva la première.

    " Eh bien ! lui cria t-elle, avais- je pas raison?

    De quoi vous sert votre vitesse? 

    Moi l'emporter! et que serait -ce

    Si  vous portiez une maison?"

     

    Jean de la Fontaine

     

     


  • La guenon, le singe et la noix

     

    Une jeune guenon cueillit

    Une noix dans sa coque verte.

    Elle y porte  la dent, fait la grimace...ah! Certes,

    dit-elle ma mère mentit

    Quand elle m'assura que les noix étaient bonnes.

    Puis, croyez aux discours de ces vieilles personnes

    Qui trompent la jeunesse!  Au diable soit le fruit!

    Elle jette la noix. Un singe la ramasse,

    Vite entre deux cailloux la casse,

    l'épluche, la mange, et lui dit:

    Votre mère eut raison, ma mie:

    Les noix ont fort bon goût, mais il faut les ouvrir.

    Souvenez- vous que, dans la vie,

    Sans un peu de travail on n'a point de plaisir.

                                                                

    Jean-Pierre Claris de Florian

     

    La guenon, le singe et la noix

     





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